mardi 15 novembre 2016

BD NEWS - 06 - ERIK NEBEL



Ce texte est la version originale avant reliftage de mes vénérés rédac'chefs.
BD NEWS est une gazette au ton décalée. Elle es incluse dans Fluide glacial et est dirigé par Cizo et Felder.



ERIK NEBEL

Ce dessinateur de Portland est active dans la scène underground américaine depuis 2002, date à lequel il a commence a publier des fanzines. Impliqué dans toutes sorte de collectif , il s’amuse a faire de la bd différemment. Il à même créer pour un salon en Californie le West Oubapo, version côte ouest du célèbre laboratoire de bd. Depuis 2012 il poste sur son tumblr Well come, un strip par jour. Des histoires muettes, étranges qui se diffusent largement dans les réseaux d’amateurs de bd alternatives. Il a publié en 2014 un recueil de ses strips chez Yéti press. Ses créations surréalistes méritaient quelques explications. En espérant un peu plus de résonance en France pour son travail.

eriknebel.tumblr.com

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- D’où vient ton envie de faire de la Bd ?

J’ai un souvenir précis de la première fois ou j’essayais de lire une bd quand j’étais jeune, probablement autour de 4 ans. J’ai découvert que si tu regardes d’un image à l’autre, c’est comme si l’image bougeait. J’ai été impressionné et je me rappelle avoir pensé « Je peux faire ça » Faire que ces images magiques prennent vie. C’est devenu une obsession.

- Quel est ton parcours ? As tu été dans une école d’art ?

- Non je n’ai pas fréquenté d’école d’art mais j’ai pris des cours au collège et j’ai été très influencé par ses profs. Ils m’ont beaucoup parlé de la clarté du trait et de la composition. Ils me répétaient sans arrêt « À quoi ça sert. Qu’est tu veux raconter a travers ton dessin ? »

- Comment tu te sens dans le milieu de la BD américaine ?

- La communauté de la bd alternative américaine, c’est vraiment ma famille, et c’est aussi les gens qui achètent mes bouquins. Mais c’est un petit marché. Il y peut être 10 000 personnes en tout aux états unis qui achète régulièrement des bd alternatives. Tumblr m’a permis d’avoir une bonne audience pour les strip que je mets en ligne. Pour ça J’ai un super public, fidèle et enthousiaste, toutes sorte de gens d’un peu partout dans le monde qui aiment mon travail et me soutiennent. J’ai aussi envie de faire des bd plus longue. Mais un roman graphique en ligne ce n’est pas idéal. C’est mieux sous dorme d livre. J’ai un ami dessinateurs qui a fait best seller avec un Roman Graphique. Avec ce livre il a touché aussi bien les auteurs de bd alternative que les amateurs de livre en général. Ca m’a rendu un peu envieux, mais je me suis aussi dit «Si il peut le faire pourquoi pas moi? » J’aimerais bien Faire de la bd à plein temps et gagner assez d’argent pour en vivre. J’ai plusieurs projets d’histoire longue sur lesquels je travaille depuis des années et qui sont à différents stades d’évolution, certains sont presque finis, d’autre à moitié. Il s’agit d’histoire de 200 pages environ. Si j’étais auteur de bd à plein temps je pourrais les finir plus vite et partir en tournée pour les promouvoir. Un jour peut être! Mais la réalité c’est que même mes amis qui ont des best seller n’ont pas des super revenus réguliers. Mon ami dessinateur qui gagne le plus d’argent a arrêté de faire de la bd, désormais il fait du story board pour des série télé d’animation a succès.

- Pas évident de connecter ton travail a celui d’autres dessinateurs. Est-ce que tu peux me parler un peu de tes influences, qu’il s’agisse de BD ou d’autres choses ?

- Très souvent, je vois un planche incroyable et je me dit «  Je veux faire une bd qui ressemblerait à ca » La plupart du temps c’est de trucs anciens qui attirent mon attention. Dès fois je regarde le sol ou le mur et je vois dessus des formes ou des dessins qui m’inspirent des visages ou de corps que j’ai envie d’incorporer dans mes bd.

- Je suis sur que tu lisais des bd quand tu étais enfant. Mais quel genre ? Et est-ce qu’il reste chez toi des trace de ses lectures d’enfants.

- J’ai passé mon enfance en Italie. Ma mère est italienne et une partie de ma famille vit là bas dans Les Marches. Mes cousins avaient tous des maisons remplies de bd. Tous les jours quand mes oncles et mes tantes faisaient la sieste après un gros déjeuner. Nous les enfants nous devions nous tenir à carreaux. Pas un bruit. Donc on avait des piles de bd pour nous tenir tranquille. Ma bd préférée était Geppo. Ca racontait la vie sous terre parmi une société de démons. Je suppose que les bd que je fais maintenant ressemblent à ça. Des créatures qui font un petit peu peur mais pas trop tout de même. Quand j’étais enfant je dessinait beaucoup de Bd : des aventures avec des gosse et des animaux, des magiciens, des ogres et toutes sorte s de créatures féeriques. La plupart des personnages que je fait maintenant ressemble a ceux que je faisais à l’époque, pour ne pas dire exactement pareil.

- Je parle de ça car j’ai l’impression que tu gardé une certaine candeur hérité de l’enfance ? Est-ce que tu t’intéresse au dessin d’enfants.

- Oui je dessine avec des enfants à mon boulot. Des fois leur dessins sont le point de départ de certaine de mes bd. Et je suis toujours un enfant pour plein de chose. Donc c’est assez logique que je dessine comme eux.

- Peux tu me parler de ton travail et comment il est relié à ta production ?

- Je suis Orthophoniste dans une école primaire avec des élèves qui ont toutes sorte de problèmes de langage. Certains sont autiste et il adorent dessiner. J’ai créé un club de bd. Et à travers le dessin et le fait de commenter ses bd, je leur apprends certains comportements sociaux, comment interagir entre eux. Je travaille aussi avec des élèves qui ont des troubles émotionnels. On utilise la bd comme outil pour contrôler leurs émotions. Quand un élève pète les plombs, qu’il commence jettent des chaises, arrache des choses sur le mur et hurle dans tous les sens. Alors, on attend qu’il se calme et on essaye de résoudre le problème notamment en faisant des bd. L’idée c’est de dessiner les événements qui l’ont amené à cette crise et on essaye de faire un autre bd qui décrit comment ça aurait pu se passer, différemment. Voir ses images ça les aide ajuster leur état d'esprit.

- Tu poste une BD tout le jours sur ton Tumblr. Est-ce que tu te sens connecté à cette tradition du comic strip Journalier ?

- En partie parce que j’aime cette tradition du Strip quotidien dans les journaux. Et surtout parce que ça m’oblige a être plus productif. Je suis toujours en train de me dire, « il te faut une nouvelle page pour demain ! Finis la ! Fais le ! Encore une autre ! «

- Les couleurs dans tes bd sont bizarres, pas vraiment belles, mais pas moches non plus. C’est différent de ce qui se fait, assez unique. Elle participe à donner un sentiment irréel à tes histoires. Comment tu les considères ?

- Avant j’avais une philosophie des couleurs qui consister à ne pas dénigrer les couleurs sombres. Je voyais ça comme un truc raciste. Maintenant mon approche est mystérieuse même pour moi même. J’ai l’impression d’avoir perdu le contrôle, que les couleurs ont leur propre vie. Comme si je captait un fréquence extra-terrestre venant de l’au delà.

- Dans tes BD rien ne semble connecté au monde réel. Les créatures dans tes histoires se transforment d’une chose à une autre. Il n’y pas de frontières entre les humains, les animaux, les objets et les formes pures. Évidemment ça procède d’une logique graphique; mais toi comment considère tu le fait que tous se transforme tout le temps ? Est-ce qu’il y a une signification ?

- Oui, dans mes bd Humains, animaux, objets, tout fait parti d’un fluide. Mon genre c’est le fluide. Je ne veux pas penser de manière binaire. Je ne m’identifie pas à un homme ou une femme. Mes personnages sont donc non binaires. Cette manière non binaire de regarder le monde et une façon de ne pas classer les choses en les rangeant dans des catégories, en faisant des séparations entre tel ou tel trucs. Ainsi tu vois que chaque chose fais parti de tout le reste, interconnecté et entrelacé. Notre société nous impose de penser de manière binaire. On nous dit qu’il y a « nous » et « eux » alors qu’il n’y a que « nous ». J’aime que mes bd soient l’antidote à cette pensée binaire.

- Est-ce que tes BD sont improvisées ou fais tu des esquisses avant ? Elle semble fait de manière instinctif ?

- La plupart de mes bd commencent comme des dessins automatique. Je dessine sans penser ce que je fait. Après je regarde et je me dis, ça, ça ressemble à ça. Et ceci à autre chose et très vite j’ai une idée pour un strip. Je le dessine encore et encore jusqu’à ce que ça me convienne. En général je dessine une page 5 ou 10 fois avant que ça me plaise. Dès fois c’est 20 fois. Je n’utilise ni crayon, ni gomme. Je n’aime pas la sensation de friction sur le papier qu’il y a avec ses outils. Je dessine avec un feutre. J’aime cette sensation c’est doux et sensuel. Après je scanne et je colorie

- Il y a un sentiment de bienveillance dans ton travail, mais dès fois c’est ausii violent. Quelle émotions tu cherche a amener dans tes histoires ? Est-ce connecte à ton humeur du moment ?

- C’est marrant, il y 2 semaine. J’étais très stressé, et je me suis dit. Ok, le strip que je vais faire ce soir va montrer à quel point je pète les plombs. Mais les strip que j’ai dessiné était très nuancé et rassurant. Comme si une partie de mon cerveau essayer de me calmer. C’est incompréhensible comment ça marche le cerveau humain. C’est toujours surprenant.

- Pourquoi fais-tu des strips verticaux ?

- Jai commencé par me poser la question quel est la « Qu’est ce qui se passe si on réduit r bd à sa forme la plu essentielle ». La forme verticale avec 3 cases, c’est réponse à cette question. C’est primitif et puissant !

- Tes BD c’est ce que j’ai envie d’appel des micro séquences. Ta façon de gérer le temps est particulière. Parfois très peu de choses bougent et très peu. C’est très personnel. Peux tu me parler un peu du temps dans tes bd.

C’est dur à décrire ; certains de mes strips sont juste des petits dessin rigolos ou des petits jeux graphiques. Mais c’est vrai que dans certain j’essaye de créer un sensation d’intemporalité. Un petit moment d’éternité. Je pense qu’il y a une part de moi qui veut que mes bd soient comme un portail pour l’éternité.





















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